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Si Dunkerque nous

    était conté ...

 

Histoire et traditions

 

 

C'est vers le VIIème siècle que Dunkerque prend naissance sous la forme d'un établissement de pêche qui se fixe au bord d'une petite crique abritée par les dunes. Dès lors, les habitants établissent une première chapelle qui donne bientôt son nom à la localité : l'église des dunes (Duyn Kerke en flamand).


Très vite, la petite communauté de marins s'organise : un mur de défense levé en 960 et un hôtel de ville bâti en 1233 attestent que l'essor urbain démarre véritablement à cette époque. Spécialisé dans la pêche au hareng, le port se développe lui aussi, en même temps que d'importants aménagements hydrauliques, assèchements, creusement de canaux interviennent dans l'arrière pays. C'est à la fin du XIVème siècle que l'activité portuaire découvre une nouvelle activité : la course.

Ecumant les mers, les Dunkerquois se forgent rapidement une réputation sur laquelle reposera l'histoire maritime de la cité.


Dunkerque reste cependant une ville sur la défensive qui pour se protéger, doit maintenir autour d'elle un corset de fortifications. Dunkerque subit de nombreux sièges bien souvent dévastateurs comme celui de 1558.

Convoité par les grandes puissances, Dunkerque connaît une rare succession de suzerains : flamands, bourguignons, autrichiens, espagnols, anglais, français, dont trois se sont succédés en une seule journée, le 25 juin 1658, lors de la fameuse Bataille des Dunes remportée par Turenne.



Définitivement française en 1662, la ville connaît alors, grâce à l'intérêt personnel que lui porte Louis XIV, une transformation radicale qui la place au rang des grandes villes du royaume. Etendue, embellie, elle demeure le port d'attache de brillants marins dont le chef de file reste Jean Bart (1650-1702), le plus célèbre de tous les corsaires français qui s'est illustré notamment lors de la fameuse Bataille du Texel.

Le XVIIIème siècle se révèle moins favorable au port flamand à l'exception du développement de la pêche à la morue en Islande qui lui permettra d'occuper le premier rang national au XIXème siècle. C'est en 1879 que s'engage une transformation radicale du port qui lui permet de concurrencer ses voisins et de devenir le principal débouché du pays sur la Mer du Nord.

Désormais 3ème port de France, Dunkerque est frappé par les deux conflits mondiaux. Violemment bombardé en 1915 et 1917, théâtre de l'Opération Dynamo en mai 1940,elle sera largement détruite et libérée en mai 1945 de l'occupation allemande.


L'Opération Dynamo

Prises en étau par les troupes allemandes, et sous le feu de leurs avions et de leur artillerie, les forces alliées embarquent à Dunkerque pour rejoindre l'Angleterre. En neuf jours, 338 226 combattants sont évacués dans des conditions inouïes. Le 4 juin 1940, l'opération "Dynamo" est achevée ; le drapeau à croix gammée flotte sur le Beffroi.

Le 20 mai, la situation est désespérée ; deux divisions de panzers commandées par Heinz Guderian atteignent Abbeville et la mer. La Wehrmacht parvient ainsi à couper les armées alliées en deux avec, entre les mâchoires de la tenaille, un million de soldats français, belges et britanniques pris au piège !
Les chars allemands poursuivent leur progression. Le 24 mai, les avant-gardes de Guderian établissent six têtes de pont sur l'Aa et atteignent Bourbourg ; elles ont pratiquement le champ libre lorsqu'un ordre impératif du général von Rundstedt, confirmé par Hitler, obnubilé par la prise de Paris, les stoppera net jusqu'au matin du 27. Les Alliés profiteront de l'aubaine. Ils se regroupent en hérisson pour tenir pied à pied un corridor s'étendant de la région lilloise à Dunkerque, sur une centaine de kilomètres de profondeur et trente à quarante de largeur. Pour se dégager, le général français Weygand mise sur une traditionnelle contre-attaque. Le chef du corps expéditionnaire britannique, le général Gort, ne partage pas cette option. À moyen terme, l'évacuation lui semble inévitable. Le cabinet de guerre britannique lui donnera raison. Le 26 mai, la décision tombe : "En de telles conditions, une seule issue vous reste : vous frayer un chemin vers l'ouest, où toutes les plages et les ports situés à l'est de Gravelines seront utilisés pour l'embarquement. La marine vous fournira une flotte de navires et de petits bateaux, et la Royal Air Force vous apportera un support total..."

L'entreprise est baptisée "opération Dynamo". Son chef, le vice-amiral Bertram Ramsay, installe son quartier général dans une cave du château de Douvres, où avait fonctionné, jadis un groupe électrogène. Elle durera neuf jours pleins : du mardi 26 mai au jeudi 4 juin. Le 29 mai, le corridor s'est rétréci comme une peau de chagrin : il ne va plus maintenant que, côté mer, des environs de Dunkerque au petit port belge de Nieuport, aux canaux de Bergues à Furnes et de Furnes à Nieuport, côté terre.

La noria des "little ships"


Rassembler en aussi peu de temps une petite armada n'est pas chose aisée. Qu'à cela ne tienne, la Royal Navy détache immédiatement 39 destroyers, des dragueurs de mines et quelques autres bâtiments. Mais c'est insuffisant car la faible déclivité des plages oblige les navires de fort tonnage à mouiller au large. Il faut dès lors mobiliser des ferries, des chalutiers, des remorqueurs, des péniches, des yachts et d'autres embarcations encore plus modestes, les désormais célèbres "little ships". Il en vient 370 équipés tout au plus de deux mitrailleuses. Il faut ensuite organiser cette noria. Entre Dunkerque et Douvres, la route la plus directe est la route Z, longue de 60 km, mais elle est à portée des canons allemands à la hauteur de Calais. La route Y évite cet inconvénient à ceci près qu'elle met Dunkerque à 130 km de Douvres ; qui plus est, elle constitue un terrain de chasse pour les vedettes lance-torpilles de la Kriegsmarine. La voie la plus praticable est la route X, longue de 80 km ; elle ne sera toutefois déminée que le 29 mai.


Malgré la vigilance de la RAF, le principal danger vient des airs. Le 29 mai par exemple, 400 bombardiers, protégés par 180 stukas, ont méthodiquement pilonné Dunkerque, mitraillant les plages sans omettre de bombarder les bâtiments croisant au large. Ce jour-là, le bilan des pertes est tellement lourd que l'Amirauté décide d'arrêter l'opération : au total, près de 250 embarcations sont envoyées par le fond ; des vedettes lance-torpilles ont raison de deux torpilleurs français modernes, le Jaguar et le Sirocco. Heureusement que le plafond des nuages, souvent très bas,et les fumées des incendies gênent la Luftwaffe, laquelle ne peut sortir ses escadrilles que les 27, 29 mai et 1er juin.

Les opérations de rembarquement sont incommodes. Il y a trop d'hommes et pas assez de bateaux. Pour s'échapper, il faut soit être accepté à bord d'un navire accostant au môle est du port (l'actuelle jetée est s'avance en effet de 1 500 mètres dans la mer), soit rejoindre la plage et avancer en file indienne jusqu'à une embarcation légère qui fait le va-et-vient entre le rivage et le bâtiment au large. La machine s'est rodée ; le premier jour, 7 669 hommes ont pu rejoindre un port allié, 17 804 le second, 47 310 le troisième, 53 823 le quatrième. C'est inespéré !


Le 4 juin à 3 h 20, le Shikari, chargé à ras bord de soldats, quitte le môle pour sa dernière rotation. à 10 h, l'armée allemande investit Dunkerque.
En neuf jours, 338 226 combattants (dont 123 095 Français) ont pu être évacués sur une mer d'huile ; la Wehrmacht capture quelque 35 000 soldats ; la quasi-totalité sont des Français dont la plupart avaient participé aux combats d'arrière-garde.


L'évacuation de Dunkerque suscite néanmoins pas mal d'aigreur chez les responsables français. Weygand et d'autres feront notamment grief aux Anglais d'avoir fait échouer la contre-attaque sur Arras. Les relations entre les Alliés, souvent assez confuses, avec des difficultés de communication perceptibles à bien des échelons, seront désormais placées sous le signe de la méfiance.
à Londres, on éprouve du soulagement et de la gratitude : les combattants de Dunkerque sont traités en vainqueurs et non en vaincus ; sur les quais de débarquement comme dans les gares, on leur fait fête. Quand bien même Churchill prend soin de tempérer l'enthousiasme de son peuple en soulignant que "les guerres ne se gagnent pas avec des évacuations" aussi héroïques soient-elles, ces mots imprimés dans les colonnes du journal américain "New York Times" au lendemain de l'opération Dynamo ont conservé toute leur acuité : "Tant que l'on parlera anglais, le nom de Dunkerque sera prononcé avec le plus grand respect."

Sources : "1939-1940, l'année terrible. Dunkerque : sortir de la nasse" - Jean-Pierre Azéma, "Le Monde", 27 juillet 1989.

(Images et textes - sources diverses - Internet)

CVT - Février 2005  © Nouzautes

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