Marie Anne Dubois, « faux saunière »?

 

 

par Denise Gravel  

 

Reproduit avec l'aimable autorisation de la Société généalogique canadienne-française : Mémoires de la Société généalogique canadienne-française, volume 55, numéro 4, cahier 242, hiver 2004, p. 281-295.

 

(Toute copie est interdite, merci de votre compréhension)

 

 

Merci à Denise Gravel, Hélène Lamarche, Josée Tétreault, Sylvie Laouchez et Gérard Martel

 

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"De par le Roy a Versailles le 28 Juin 1734  

Sa Majesté ayant destiné par ses ordres les nommés Pierre Dubois et marie anne du Bois a etre transferés a la Louisianne, et voulant qu’ils soient transferés en Canada pour y demeurer le reste de leurs jours, Elle a révoqué lesdits ordres, et Son intention est que lesdits Pierre Dubois et sa fille soient embarqués sur le navire le St antoine de Dieppe qui doit partir du havre pour Quebec, Enjoins Sa Majesté au Capitaine dudit Navire de s’en charger et de les remettre a son arrivée au Sr Ministre de Beauharnois Gouverneur et Lieutenant général pour Sa Majesté en la nouvelle france, lequel luy en donnera la decharge, fait a Versailles le 28 Juin 1734."

 

Pierre Dubois et sa fille Marie Anne, habitants de Nempont-Saint-Firmin en Artois (Pas-de-Calais), sont accusés de crime de pointage en Picardie. Ces deux prisonniers sont d’abord condamnés à la déportation en Louisiane mais de nouveaux ordres changent leur destination pour Québec.

Le registre des malades de l’Hôtel-Dieu de Québec  ainsi que son acte de sépulture  attribuent à Pierre Dubois la profession de faux saulnier. Rénald Lessard souligne que les frais d’hospitalisation des faux sauniers étant à la charge du roi, il était important que les religieuses hospitalières notent précisément à côté du nom, de l’âge et de la provenance, le statut du malade . Il semble fort probable que Marie Anne fut également une faux saunière  puisqu’elle subit le même sort que son père.

Le faux saunage

Le sel est une denrée indispensable à la conservation de beaucoup d’aliments. Sous l'Ancien Régime, la vente du sel devient monopole d’État et fait l’objet d’un impôt spécifique, la gabelle. La particularité de cette taxe, c’est l’inégalité géographique de sa perception; certaines provinces en sont exemptées alors que d’autres paient la taxe à son taux le plus élevé, soit 20 fois la valeur du sel. Une telle différence de prix ne pouvait que favoriser la fraude et la contrebande, c’est-à-dire le faux saunage.

La rivière de l’Authie, limite naturelle entre la Somme et le Pas-de-Calais, servait de frontière entre l’Artois, où le commerce du sel était libre, et la Picardie, où le sel était fortement taxé. Un pont d’à peine quatre mètres, séparait Nempont-Saint-Firmin (Artois) de Nampont-Saint-Martin (Picardie), où se trouvait le poste douanier  pour la gabelle. La différence d’imposition entre l’Artois et la Picardie favorisait la contrebande. Ainsi, pour rendre plus difficile le transport entre les deux pays, il y avait une zone de trois à cinq lieues de large le long de la frontière, où la consommation de sel était strictement mesurée.

La sévérité des peines  semble disproportionnée pour la répression de délits – considérés par la plupart des gens – fort peu graves. Pour la contrebande à pied et sans armes, le faux saunier était condamné à 200 livres d'amende; pour non-paiement, la peine était convertie en celle du fouet et de la marque « G » au fer rouge, servant à constater la récidive, laquelle était punie de six ans de galères et de 300 livres d’amende. Pour la contrebande avec l’aide de chevaux, la peine était de 300 livres ou trois ans de galères, puis en cas de récidive, de 400 livres d’amende et de neuf ans de galères. Pour les faux sauniers attroupés au nombre d’au moins trois et armés, une amende de 500 livres et neuf années de galères étaient imposées pour une première fois et la peine de mort en cas de récidive.

Dès 1665, on propose déjà d’envoyer une partie des faux sauniers qui ont été condamnés aux galères, vers les colonies mais ce n’est qu’en 1730 que le Canada reçoit ses premiers faux sauniers. Rénald Lessard a relevé une liste nominative de 729 noms – dans laquelle se retrouve le nom de Pierre Dubois – à partir des registres des malades de l’Hôtel-Dieu de Québec, des archives notariales et des listes de faux sauniers dressées en France, dont certains ne se sont jamais rendus au Canada . Entre 1730 et 1743, on évalue à 585 le nombre de faux sauniers et contrebandiers qui ont été déportés au Canada.

Bien qu’environ une douzaine soient déjà mariés – certains font venir leur famille de France – la plupart sont de jeunes hommes célibataires de 28 ans en moyenne. On ne peut identifier dans les archives, qu’une centaine de faux sauniers qui se sont mariés en Nouvelle-France, dont moins du quart aurait laissé une descendance jusqu’à ce jour .   

Aucune femme n’a été recensée parmi les faux sauniers déportés en Nouvelle-France.  Pourtant, les femmes se livraient également au faux saunage, mais les peines auxquelles elles s’exposaient étaient moins sévères que celles qui frappaient les hommes . Elles ne risquaient qu’une amende ou l’emprisonnement, et en cas de récidive, la peine du fouet qui n’était pas toujours appliquée; la coutume voulait même que les faux saunières enceintes soient libérées.  

Certaines font du faux saunage leur profession, mais la plupart ne s’adonnent à ce trafic qu’occasionnellement, pour échapper à la misère. Elles ne transportent que de faibles charges de sel, cachées dans un panier, sous une coiffe ou sous leurs jupes. Le faux saunage féminin s’était tellement accru dans certaines régions vers la fin du XVIIIe siècle que plus de femmes que d’hommes furent arrêtées. Marie Anne Dubois serait-elle l’unique faux saunière déportée en Nouvelle-France ?

Le crime de pointage (depointage)

L’interrogation de la base de données des Archives coloniales  avec le mot clé pointage n’a permis de retracer qu’une seule référence  au sujet de Jean Lescouvé, ses deux fils et son frère, condamnés à passer au Canada pour « crime de pointage » en 1733, mais qui ont été retenus en France.   

Dans une lettre  à messieurs de Beauharnois et Hocquart datée du 19 mai 1733 concernant ces mêmes individus, le ministre écrit :

    "ils ont été condamnés a cette destination pour avoir voulu au prejudice d’un arrest du Conseil du 25 mars 1724, Se maintenir par force dans leurs Baux, et avoir usé de violence contre les nouveaux preneurs. ce delit qu’on appelle depointage n’empesche point qu’ils ne puissent estre utilement employé dans la Colonie".

Une autre lettre  du ministre datée du 19 avril 1735, recommande à messieurs de Beauharnois et Hocquart de ne pas permettre aux faux sauniers, contrebandiers, « de même que pour les depointeurs de picardie » qui sont transférés dans la Colonie, de repasser en France sous quelque prétexte que ce soit.

Il s’agit donc bien d’un crime pour depointage – en un seul mot – comme on peut le constater dans les documents originaux.  

A cause des nombreuses guerres, les propriétaires des terres situées sur les frontières de Picardie se sont réfugiés dans leur résidence en ville. Avec le temps, les fermiers qui croyaient avoir acquis les baux détenus par leur famille depuis plusieurs générations, ont considéré leurs fermages comme de véritables patrimoines, les vendant devant notaires, les donnant en mariage à leurs enfants, les partageant en succession au préjudice des véritables propriétaires. Lorsque les propriétaires entreprirent d’augmenter leurs redevances ou de changer de fermiers, ils s’exposèrent à des actes de violence, sur leur personne ou leurs biens. Les fermiers qui croyaient être dépossédés de leurs droits ne manquaient pas de se venger, par meurtres ou incendies.

Le 25 mars 1724 , le roi Louis ordonne au sieur Chauvelin, intendant de justice en Picardie et Artois, et aux officiers du Bailliage et Siège Présidial d’Amiens de faire exécuter les articles du présent arrêt. Tous les fermiers « qui jouissent sans baux par écrit » ou qui ne les auraient pas fait renouveler à leur expiration, sont tenus d’en abandonner l’exploitation aux véritables propriétaires, sans quoi ils seront arrêtés et emprisonnés avec leur femme et leurs enfants, demeurant avec eux ou dans le même village, et seront condamnés à être transférés aux Colonies.

Pierre Dubois et sa fille Marie Anne étaient sans doute des depointeurs qui ont été punis suivant la rigueur des Ordonnances. Par conséquent, il est certain que Marie Anne Dubois et son père n’ont pas été déportés pour crime de faux saunage. Cela n’exclut pas la possibilité qu’ils aient pratiqué le faux saunage à l’occasion, puisque dans les régions limites entre les pays exempts et ceux de grande gabelle, tout le monde était un peu faux saunier. 

La déportation de Marie Anne et de Pierre Dubois

Le 3 novembre 1733, le roi Louis XV transmet ses ordres afin que Pierre Dubois et sa fille Marie Anne soient transférés dans les prisons du Havre. Le 17 novembre suivant, l’exempt de la maréchaussée de Picardie de la Résidence d’Abbeville  les laisse à la garde des concierges des prisons du Havre jusqu’à ce qu’ils partent pour la Louisiane . Le ministre écrit à monsieur Perrotin de Barmont de Beauregard, commissaire de la marine, le 22 décembre 1733, qu’il lui fera savoir incessamment les intentions du roi à leur sujet .

Le 22 juin 1734, Michel Bégon, intendant du Havre, écrit au ministre afin que soient expédiés de nouveaux ordres . Puisqu’il n’y a pas, dans ce port, de navire pour la Louisiane, on propose plutôt de transférer Pierre et Marie Anne Dubois aux colonies sur le prochain navire qui partira du Havre pour le Canada. Le 28 juin suivant, le ministre envoie les ordres du roi ainsi qu’une lettre  destinée à messieurs de Beauharnois et Hocquart que le capitaine du navire devra se charger de leur remettre . La lettre précise que Pierre Dubois et Marie Anne Dubois, sa fille, seront embarqués sur le Saint-Antoine de Dieppe, qui doit partir du Havre pour Québec. Le capitaine Pierre Sallois a reçu l’ordre de les remettre à Monsieur de Beauharnois qui devra lui en donner la décharge. L’intention du roi est qu’aucun d’eux ne repasse en France.

Le 15 juillet 1734, les archers de la prévôté de la marine décrouent Pierre et Marie Anne Dubois et remettent l’ordre de leur décharge au geôlier des prisons du Havre . Pierre et Marie Anne sont embarqués sur le Saint-Antoine de Dieppe ce dont le ministre tient particulièrement à s’assurer . Michel Bégon lui confirme dans sa lettre du 27 juillet 1734, qu’ils sont effectivement partis le 15 juillet dernier pour Québec . Marie Anne et son père venaient de passer près de huit mois dans les prisons du Havre. Le capitaine Pierre Sallois a transmis au ministre, tel que requis, l’accusé de réception des prisonniers.

Le Saint-Antoine de Dieppe arrive à Québec vers le 2 octobre 1734, après une traversée d’environ 80 jours. En effet, à cette date, on retrouve en l’étude du notaire Jacques-Nicolas Pinguet de Vaucour , un certain Jean Lebrun qui déclare être arrivé à Québec par le Saint-Antoine de Dieppe. Le 10 octobre suivant, messieurs de Beauharnois et Hocquart confirment au ministre Maurepas qu’ils ont bien reçu de monsieur Bégon, l’ordre de retenir les prisonniers et qu’ils veilleront à ce qu’ils ne repassent pas en France .  

Le 1er février 1735, le ministre écrit à monsieur de Beauregard qu’il a reçu le certificat de la remise faite à Québec des nommés Pierre et Marie Dubois qui avaient été embarqués par ordre du roi sur le navire le Saint-Antoine de Dieppe, commandé par le capitaine Pierre Sallois .

L’origine de Marie Anne Dubois

Marie Anne Dubois est née et a été baptisée le 23 mai 1700 dans la paroisse de Saint-Séverin de Crécy-en-Ponthieu. Elle est la fille de Pierre Dubois et d’Anne Tronet.

 

Le vingt trois de mai 1700 a esté batisé marie  

anne dubois fille de pierre dubois et d anne

tronet ses pere et mere née les dits jour et an

le parain est nicolas cappet, la marraine marguerite

ducrocq qui ont signe en lautre registre

 

Les parents de Marie Anne, Pierre Dubois et Anne Tronet, ont passé leur contrat de mariage le 19 avril 1699 chez le notaire Louis Dargnies , et se sont mariés le 19 mai suivant dans la paroisse Saint-Séverin à Crécy-en-Ponthieu. L’acte religieux souligne que Pierre Dubois est originaire de Cramont alors qu’Anne Tronet est native de Crécy-en-Ponthieu. Sont présents au mariage : Charles Dubois, François Dubois, François Tronet et Louis Cavelier, tous père, frère et oncle des époux. Pierre Dubois appose sa signature à l’acte ainsi que François Dubois .

Pierre Dubois et Anne Tronet ne semblent avoir eu que deux enfants : Marie Anne et Pierre. On retrouve dans les registres de Crécy-en-Ponthieu, Pierre Dubois, fils de Pierre et Toussaine  Tronet, baptisé le 26 septembre 1701. Le parrain est Pierre Levasseur et la marraine, Charlotte Leblond.

L’acte de mariage précise que Pierre Dubois  est originaire de Cramont. Les registres de la paroisse Saint-Martin de Cramont n’existent plus entre 1625 et 1668.  On a cependant retracé deux actes de baptême d’un Pierre Dubois, fils de Charles et de Jehanne ou Barbe  de Tuncq. Le premier Pierre a été baptisé le 11 juin 1672; son parrain est Louis Cavelier, qui pourrait être ce témoin au mariage de Pierre Dubois et d’Anne Tronet, la marraine est Lau[…] Carpentier. Le second Pierre a été baptisé le 4 février 1675; le parrain est Pierre de Can et la marraine, Louise Darsin. La recherche dans les registres de la paroisse Saint-Martin de Cramont n’a pas permis de retrouver la sépulture d’aucun d’eux.

Dans les registres de la paroisse Saint-Séverin à Crécy-en-Ponthieu, on a retrouvé trois actes de baptême d’une Anne Tronet. Une seule cependant, fille de François Tronet et de Perrine Debrenie, baptisée le 13 août 1663, a un frère prénommé François  qui pourrait être le François Tronet témoin au mariage de Pierre Dubois et d’Anne Tronet. Leur père François était décédé le 26 mars 1693 à l’âge d’environ 60 ans.

Lors de leur arrestation, Pierre Dubois et Marie Anne sont dits habitants de Nempont-Saint-Firmin. En 1719 à Nemport-Saint-Firmin, est baptisée une fille prénommée  Marie Anne, fille de François Leborgne et de Marie Dubois , dont la marraine est une Marie Anne Dubois. Il ne semble pas y avoir dans les registres de Nempont-Saint-Firmin d’autres traces de Marie Anne Dubois, ni de son père, sa mère ou son frère Pierre. Les actes de sépulture d’Anne Tronet et de son fils Pierre n’ont été retrouvés ni dans les registres de Crécy-en-Ponthieu ni dans ceux de  Nempont-Saint-Firmin. Il faut toutefois noter que certains actes sont illisibles ou écrits en latin.

Marie Anne en Nouvelle-France

Nous n’avons trouvé aucune trace de Marie Anne dans les archives de la Nouvelle-France avant septembre 1736, date de son mariage. En effet, le 4 septembre 1736, Marie Anne Dubois épouse, dans la paroisse de Notre-Dame de Québec, Jean Georget dit Châteaubrillant, habitant de Contrecœur et veuf de Louise Arcouet. Une dispense des trois bans a été accordée par messire de Miniac, grand vicaire du diocèse.

Marie Anne est dite fille de feu Pierre Dubois et de feue Anne Tronet, de Cressé (Crécy-en-Ponthieu), évêché d’Amiens en Picardie. Son père est en effet décédé le 11 juillet 1735 à l’Hôtel-Dieu de Québec, et a été inhumé le lendemain dans le cimetière des pauvres. Il était entré à l’Hôtel-Dieu le 5 juillet précédent . Le registre des malades  précise « pierre dubois agé de 70 ans de picardie faussonier mort le 11 ».

Le 26 septembre 1736, Jean Georget dit Châteaubrillant et Marie Anne Dubois se présentent devant le notaire Antoine Puypéroux de Lafosse, afin de passer leur contrat de mariage. Ils avaient fait des conventions de mariage verbales mais n’avaient pas pu passer de contrat de mariage avant la cérémonie puisque « Ils ny avoit point de nore Sur Les Lieux pour passer Leurs Contrat de mariage ne Le pouvant aller chercher a causes des Vents contraires Et mauvais chemains qui Estaient Impraticable ».

Le contrat précise que Jean Georget réside dans sa maison de Contrecœur et que Marie Anne Dubois habite chez le sieur Privé de Verchères.

Après leur arrivée, la plupart des faux sauniers s’engagent à travailler pour des habitants, des bourgeois et artisans des villes de Québec et de Montréal, mais très peu signent un contrat devant notaire. C’est probablement ce qu’ont fait Pierre et Marie Anne Dubois mais on ne retrouve pas de contrat le confirmant. Il est fort possible que Marie Anne se soit engagée auprès du bourgeois Michel Privé, marchand de Verchères, puisqu’elle y réside à son mariage. Celui-ci est peut-être à Québec lorsque Marie Anne et son père débarquent du Saint-Antoine de Dieppe en octobre 1734. Michel Privé avait épousé Louise Legris à Québec le 24 août 1733. En mai 1734, le couple fait baptiser son premier enfant à Québec alors que les naissances suivantes ont lieu à Verchères.

On peut se demander pourquoi Jean Georget, de Contrecœur et Marie Anne Dubois, de Verchères, ont fait le voyage à Québec  pour s’y marier. Le père de Marie Anne, Pierre Dubois, est alors décédé et il semble qu’aucun enfant de la première union de Jean Georget n’assiste au mariage. Les témoins sont Pierre Grand Jean et François Bobleau. Si Marie Anne devait obtenir une autorisation pour se marier, aucun document en ce sens n’a été retracé dans les archives.

Marie Anne épouse un veuf beaucoup plus âgé qu’elle. Ils se marient en communauté de biens selon la Coutume de Paris suivie en ce pays, et ne seront pas responsables des dettes contractées par l’autre avant leur mariage. Il y a ni douaire ni préciput de mentionnés au contrat. Jean Georget promet et fait don à Marie Anne – pour la bonne amitié et affection particulière qu’il a pour son épouse – d’une part et portion « comme un de ses enfants » de ses biens venant à sa succession pour en jouir et en disposer en pleine propriété, elle et ses hoirs et ayant causes. De plus « pour La Jeunesse de Ladte dubois », il lui aurait promis une rente viagère de douze minots de blé froment par année sa vie entière, à être payée par lui ou ses héritiers. Les conventions verbales sont ainsi ratifiées « Sans quoy Le mariage n’auroit Esté fait ni accomply ».

L’époux de Marie Anne, Jean Georget dit Châteaubrillant

Jean Georget avait épousé, en premières noces, Louise Arcouet , fille de Jean Arcouet dit Lajeunesse et d’Élisabeth Pépin, au début de l’année 1699. Jean Arcouet dit Lajeunesse était venu au pays en 1665 comme soldat de la compagnie du capitaine Laubia, régiment de Carignan-Salière ; Jean Georget épouse donc une fille de soldat. Le contrat de mariage du 26 janvier 1699, passé devant le notaire Adhémar, indique que Jean Georget dit Châteaubrillant est âgé de 36 ans – en réalité il a 40 ans – et qu’il est originaire de Hersay (Ercé-en-Lamée) près de Châteaubriand, évêché de Rennes, en Bretagne.  

Jean Georget est caporal dans le régiment de Lavaltrie. Sont présents au contrat de mariage : le sieur Pierre Boucher, écuyer, seigneur de Boucherville, le sieur Dorvilliers, capitaine d’une compagnie de la marine, ainsi que Jean Louis de La Corne de Chaptes , écuyer, lieutenant de la compagnie de Lavaltrie, seigneur en partie de Contrecœur, et ami.

En 1698, le roi accorde une année de solde aux soldats qui voudront se marier et s'établir dans la colonie ; Jean Georget peut donc en bénéficier. Quant à Louise Arcouet, elle reçoit du roi – comme soixante filles qui épousent des soldats – une dot de 50 livres .  

Peu après son mariage, le 19 juin 1699, Jean Georget est de nouveau présent chez le notaire Adhémar. Il reçoit du Sieur Antoine de Pécaudy, une concession dans le fief de Contrecœur de trois arpents de front sur trente arpents de profondeur donnant sur le devant au fleuve Saint-Laurent, et par derrière aux terres non concédées. On apprend que la terre lui avait été concédée par billet de Jean Louis de La Corne de Chaptes, seigneur en partie de Contrecœur à cause de son épouse Marie de Pécaudy , le 16 octobre 1695, ce qui indique que Jean Georget était déjà en Nouvelle-France depuis au moins quatre ans.

En 1723, les aveux et dénombrements indiquent que Jean Georget est toujours propriétaire de sa terre . En vingt sept ans, il a réussi à mettre quatorze arpents en labour sur les 90 arpents concédés. On y compte une maison, une grange et une étable. Au cours de ces années, Jean Georget est souvent témoin aux baptêmes et sépultures, quelques fois à titre de bedeau.

Le 8 mars 1727, Jean Georget et Louise Arcouet vendent un arpent de terre de front sur trente de profondeur à leur gendre, Georges Boucher dit St Martin, maître cordonnier, en retour d’une rente viagère de seize minots de blé et d’une paire de souliers francois à gomme chaque année . Le terrain vendu comprend sept arpents de terre en valeur désertée, le surplus en bois debout, sans bâtiments.

Son épouse Louise Arcouet décède peu après – le 20 septembre 1727 –  et est inhumée le lendemain à Contrecœur, à l’âge de 45 ans. De cette première union sont nés dix enfants.  Jean Georget et Louise Arcouet ont une descendance par cinq de leurs filles.

L’origine de Jean Georget

Jean Georget a été baptisé le 19 décembre 1658 dans la paroisse de Saint-Jean-Baptiste à Ercé-en-Lamée, évêché de Rennes en Bretagne (Ille-et-Vilaine). Son parrain est Jean Drouin et sa marraine, Jullianne La Rochelle.  

 

Jean fils Jullian Georgin  et Renée Trevier du

                        village de blodin ses pere et mere a este Baptize

                        et tenu sur les saints fonts de baptesme par

                        jean drouin et [illisible] Jullianne La rochelle parrain

et marraine le 19 decembre 1658

(signé) Morand (paraphe) ptre

 

Jean est le troisième fils de Julien Georget et de Renée Trevier baptisé dans cette paroisse. Son frère Vincent a été baptisé le 27 mars 1653 alors qu’André l’a été le 9 juillet 1656.

Le père de Jean, Julien Georget, a été baptisé le 7 octobre 1625 à Ercé-en-Lamée. Il est le fils d’Estienne et de Françoise Morel, mariés le 11 janvier 1625 dans la même paroisse. On n’a retrouvé qu’une seule famille de Georget à Ercé-en-Lamée, celle d’Estienne Georget puis de son fils Julien Georget.  Estienne Georget est dit originaire d’Availles (Availles-sur-Seiche). Des recherches dans les registres d’Availles-sur-Seiche n’ont pas permis de retrouver l’acte de baptême d’Estienne Georget bien qu’une famille de Georget y soit présente.

La famille de Marie Anne et de Jean Georget

Marie Anne Dubois a 36 ans lorsqu’elle épouse Jean Georget, lequel est âgé de 77 ans.  C’est un homme bien établi qui lui offre sans doute la sécurité matérielle puisqu’elle est assurée de recevoir – sa vie entière – une rente viagère annuelle de douze minots de blé.

Le 1er novembre 1737, Marie Anne accouche d’une fille. L’enfant portera le prénom de sa mère. Marie Anne Georget est baptisée sous condition le 3 novembre suivant à Grondines. Le parrain est Jean Grignon  et la marraine, Geneviève de Chavigny de La Chevrotière , épouse de Joseph Hamelin dit Pagnol. Son acte de baptême précise que la mère a accouché en la paroisse de Grondines et que les parents sont de Contrecœur.  

En 1738, Jean Georget passe un contrat de bail à ferme de terre avec Michel Charbonneau , pour quatre minots de blé moulu en farine par année . Jean Georget loue une partie de sa terre qu’il ne peut sans doute plus cultiver.

Leur second enfant naît et est baptisé à Montréal, le 5 février 1740. On lui donne le prénom de Guillaume mais il sera connu sous celui de Joseph . Le parrain est Guillaume Renaud et la marraine, Geneviève Georget , demi-sœur de l’enfant, fille de Jean Georget et de Louise Arcouet. L’acte indique, une fois de plus, que les parents sont de Contrecœur.

Le destin s’acharne sur Marie Anne

Le 14 juin 1740 à Boucherville, Jean Georget et Marie Anne Dubois se présentent devant le notaire Antoine Loiseau. Ils engagent par contrat, leur fille Marie Anne – qui n’a pas encore trois ans – au service de Jacques Racicot et de Marie Labbé, résidents de Boucherville, pendant les prochaines quinze années.  

    "Pardevant antoine Loiseau notaire de la juridiction seigneurialle de Boucherville y residant soubsigné et tesmoins cy bas nommes furent present Jean Jorgette dit Brian, Et marie anne dubois sa femme de lui autorisée pour leffet des present abitant demeurant a contrecœur et de presant Estant En Cedit Bourg, Lesquels ont volontairement  reconnu et Confessé avoir par les presante loué et Engagé marianne jorgette leur fille agée de trois ans pour le tant de quinze ans a commencer à Ce jour date des presentes jusque auxdis quinze ans finis et accomplies a jacques racicot et marie labé sa femme demeurant au Bourg dudit Boucherville a ce present et acceptant pandant  ledit tant de quinze ans qui lont retenue à leur service".

Ce contrat précise les conditions d’engagement à titre de domestique que Marie Anne devra respecter : « a la charge que ladite marianne jorgette travaillera de Son pouvoïr en touttes choses licites et honeste qui luy Seront commendé par lesdit racicot et sadite femme ou de Leur part Et faire le profit desdits preneurs Sans pouvoir quiter ny abandonner Ledit Service sans le Consentement desdit preneurs […] Soblige de la faire chercher et de la ramener chez ledit racicot Son maitre. »

On constate néanmoins que le nom de Joseph Jorgette a été inscrit au contrat et qu’il a été rayé par la suite. Il semble que les parents auraient eu l’intention d’engager également leur fils Joseph, mais qu’ils se seraient ravisés.

Qu’est-ce qui a bien pu inciter Jean Georget et Marie Anne Dubois à ainsi louer et engager leur enfant de moins de trois ans ? La suite du contrat nous en apprend un peu plus sur leur motivation :

    "En presance et du Consentement de Louïs Bienville et Suzanne jorgette  leur jeandre et fille disant lesdit Bienville et jorgette Sa femme que leurs dits père et mère ne Sont pas dans les moyens de faire vivre ladite marianne jorgette leur sœur."

Louis Bienville, gendre de Jean Georget, a pareillement engagé plusieurs de ses enfants. En 1742, Pierre-Louis Bienville, âgé de 8 ans, est engagé au service d’un habitant . Suite au décès de leur mère Suzanne Georget  en 1746, Pierre-Louis, Michel et Marianne, ont été tous les trois engagés comme apprentis et domestiques .

L’historien André Lachance note que les familles nombreuses et pauvres pouvaient placer leurs enfants dès l’âge de trois ou quatre ans, au service d’un fermier voisin, artisan ou bourgeois, jusqu’à leur majorité ou leur mariage . En retour, ce dernier les loge et les entretient et promet de les traiter doucement et humainement :

    "Ce marché ainsy fait a la charge que lesdits preneurs traiteront ladite marianne jorgette doucement comme il apartien et luy fourniront les vivres et ailliment qui luy seront necessaire tant seint que malade Et lentretiendront de tous abis linges et chaussures pendant ledit tant linstruiront ou la feront instruire Suivant la religion Catholique apostolique et romaine."

Marie Anne Georget est donc engagée, jusqu’à l’âge de 18 ans, au service de Jacques Racicot et de Marie Labbé, résidents de Boucherville. Jacques Racicot , fils de Michel et de Geneviève Alard, avait épousé Marie Jeanne Labbé, fille naturelle de Jean Labbé et de Marie Anne Faye, le 6 mai 1715 à Québec.            

Exactement trois mois après avoir engagé sa fille, soit le 14 septembre 1740, Jean Georget se trouve chez le notaire François Simonet, afin de rétrocéder sa terre de la seigneurie de Saint-Ours au seigneur. L’acte notarié indique qu’étant donné son âge avancé et sa maladie, il ne peut travailler ni faire travailler la dite terre. Il n’a pas non plus payé les cens et rentes ni les arrérages au seigneur depuis douze ans environ. Il supplie le Chevalier de Saint-Ours de reprendre la terre et d’annuler toutes ses dettes à cause de « lextreme pauvretté dans laquelle Il a toujours esté et est Encore actuellement estant obligé de mandier son Pain pour vivre ».

L’acte indique que Jean Georget habite chez le nommé Caillie, rue Notre-Dame à Montréal. Jacques Caille est l’époux de Marie Thérèse Gatignon , fille de Marie Madeleine Arcouet et nièce de Louise Arcouet, première épouse de Jean Georget. On peut ainsi présumer que Jean Georget aurait été recueilli par sa nièce et son époux.

Jean Georget semble en effet très malade puisqu’il décède un mois plus tard – soit le 17 octobre 1740 – à l’âge de 81 ans alors que l’acte lui en donne 88. Il est inhumé à Notre-Dame de Montréal dans le cimetière des pauvres. Marie Anne Dubois, déjà orpheline de père et de mère, se retrouve donc veuve, à l’âge de 40 ans, avec un jeune enfant de 8 mois seulement.  

La succession de Jean Georget

Le 2 mars 1741, Suzanne et Marie Anne Georget, filles de Jean Georget et de Louise Arcouet, accompagnées de leurs époux, se présentent devant le notaire Monmerqué pour la vente de prétentions sur une terre à Michel Charbonneau. Il s’agit de la terre que Jean Georget avait louée par bail à ferme en 1738 à ce même Michel Charbonneau.

Le 9 juin 1747, trois autres filles de Jean Georget et de Louise Arcouet passent un contrat de vente de droits successifs immobiliers de cette terre, au profit de Paul Guertin fils . Le 9 juin au matin, Geneviève Georget accompagnée de son mari Jacques Vadeau, et sa sœur Marie Georget, fille majeure, tous de la rue Saint-François à Montréal, se présentent chez le notaire Simonet et se partagent la somme de 110 livres. En après-midi, c’est au tour de Louise Georget, fille majeure de Boucherville, de se présenter devant le notaire Antoine Loiseau. Elle reçoit de Paul Guertin fils, pour sa part, la somme de 55 livres.

Paul Guertin et Michel Charbonneau sont donc propriétaires de la même terre qu’ils ont achetée de la succession de Jean Georget et de Louise Arcouet. Afin de régler le différend, le 20 juillet 1747, Paul Guertin et Michel Charbonneau se rendent chez le notaire Monmerqué signer un accord.

Paul Guertin fils était déjà propriétaire d’une partie de la terre concédée à Jean Georget. En effet, le 27 mars 1734, Geneviève Georget – veuve de Georges Boucher –  était forcée de lui vendre son contrat pour la somme de 146 livres . Elle avait été condamnée  le jour précédent à « passer contrat de vente audit Paul Guertin de l’arpent de terre en question ou de luy rembourser la somme de quatre vingt quinze livres avec toutte les Rentes qu’il a payés depuis qu’il est En possession ». En retour, ce dernier s’engageait à fournir, le 2 février de chaque année – à Jean Georget sa vie durant – seize minots de blé froment pour sa subsistance et une paire de souliers français, ainsi que Georges Boucher et Geneviève Georget y étaient obligés par le contrat passé en date du 8 mars 1727.  

Les héritiers de Jean Georget ont-ils respecté les conditions du contrat de mariage et payé à Marie Anne une rente viagère telle que leur père le souhaitait ? Les enfants du premier lit ont tous reçu leur part d’héritage  mais aucun document n’indique que Marie Anne Dubois et ses enfants aient reçu quoi que ce soit.

Les dernières années de Marie Anne

Marie Anne ne s’est pas remariée. Elle a dû subvenir à ses besoins et à ceux de son fils Joseph. On ne retrouve plus trace d’elle dans les archives jusqu’en 1763. Marie Anne décède dans la nuit et est inhumée le 5 juin 1763 à Notre-Dame de Montréal, à l’âge de 63 ans. Son acte de sépulture indique simplement Marie Anne veuve Briant sans toutefois préciser son âge et son nom de famille. Marie Anne Dubois termine ainsi sa vie dans la solitude et la pauvreté.

Remerciements

Tous mes remerciements à Josée Tétreault, généalogiste et paléographe, pour son travail de recherche dans les registres paroissiaux des archives françaises, ainsi que pour ses généreux conseils et commentaires.

Le tableau en annexe résume les recherches effectuées par Josée dans les registres de Crécy-en-Ponthieu, de Cramont, d’Ercé-en-Lamée, de Nempont-Saint-Firmin et d’Availles-sur-Seiche . Elle a ainsi retrouvé des renseignements inédits sur l’origine de Marie Anne Dubois et de son époux, Jean Georget dit Châteaubrillant, leurs parents et même leurs grands-parents respectifs.

Sainte-Foy-Québec

 


Notes :

 1 ANC (Archives nationales du Canada), MG 1 (Archives des Colonies), Série B, vol. 60, fo 577, ordres du roi pour le transfert aux colonies de Pierre et Marie Anne Dubois, 28 juin 1734.

 2 Registre des malades de l’Hôtel-Dieu de Québec, 11 juillet 1735.

 3 Banques de données du Programme de recherche en démographie historique (PRDH) version Internet  (www.genealogie.umontreal.ca) : acte de sépulture no 169230 en date du 12 juillet 1735.  

 4 Rénald Lessard, « Une immigration méconnue : Les faux sauniers en  Nouvelle-France » dans 14e congrès national de Généalogie, Bourges, 1997, p. 258.

 5 Bien qu’on écrive aussi faux-saunière, nous avons adopté la forme sans trait d’union employée par Bernard Briais et d’autres auteurs.

 6 La Maison Forte à Nampont-Saint-Martin, construite au XVe siècle, est aujourd’hui transformée en club de golf.  http://www.chez.com/asgolfdenampont/

 7 Bernard Briais, Contrebandiers du sel : la vie des faux sauniers du temps de la gabelle, Paris,  Aubier, 1984, p. 61-62, p. 158.

 8 Rénald Lessard, « Les faux sauniers et le peuplement de la Nouvelle-France » dans L’Ancêtre, vol. 14, no 3, novembre 1987, p. 83-95; vol. 14, no 4, décembre 1987, p. 138-146; vol. 14, no 5, janvier 1988, p. 175-179.

 9 Rénald Lessard, « Une immigration méconnue : Les faux sauniers en  Nouvelle-France » dans 14e congrès national de Généalogie, Bourges, 1997, p. 257-265.

 10 Bernard Briais, op. cit., p. 83-92.

 11 ArchiviaNet sur le site de Bibliothèque et Archives Canada à l’adresse suivante :

http://www.collectionscanada.ca/archivianet/0201_f.html

 12 ANC, MG 1, Série C11A, vol. 59, fo 232-233v, lettre de Beauharnois et Hocquart au ministre, 17 octobre 1733.

 13 ANC, MG 1, Série B, vol. 59, fo 481-481v, lettre du ministre à MM. de Beauharnois et Hocquart, 19 mai 1733.

 14 ANQ, MG 1, Série B, vol. 63, fo 476, lettre du ministre à MM. de Beauharnois et Hocquart, 19 avril 1735.

 15 André-Jean-Baptiste Boucher d’Argis, Code rural ou Maximes et réglemens (sic) concernant les biens de campagne [document électronique, Gallica, bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France sur le site http://gallica.bnf.fr], tome troisième, 1995, p. 138-148, Arrêt du Conseil d’État du 25 mars 1724 (note : reproduction de l’édition de Paris : Prault, père, 1774).

 16 Les archives de la prison d'Abbeville ont été détruites lors du bombardement de la ville en 1940 (incendie du tribunal le 22 mai 1940). Mes remerciements à Gérard Martel, co-coordinateur au Fil d'Ariane - Entraide aux AD-80.

 17 Registre d’écrou du bailliage du Havre, sous série 17BP, Archives départementales de la Seine-Maritime, 17 novembre 1733. Mes remerciements à Sylvie Laouchez, bénévole au  Fil d'Ariane - Entraide aux AD-76.

 18 ANC, MG 1, Série B, vol. 58, fo 90, lettre du ministre à M. de Beauregard, 22 décembre 1733.

 19 ANC, MG 2 (Fonds de la Marine), Série B3, vol. 362, fo 366-367v, lettre de Michel Bégon, intendant du Havre, au ministre,  22 juin 1734.

 20 ANC, MG 1, Série B, vol. 61, fo 568, lettre du ministre à MM. de Beauharnois et Hocquart, 28 juin 1734.

 21 ANC, MG 1, Série B, vol. 60, fo 52-52v, lettre du ministre à Michel Bégon, 28 juin 1734.

 22 Registre d’écrou du bailliage du Havre, sous série 17BP.  Archives départementales de la Seine-Maritime. 15 juillet 1734.  Annotation transversale inscrite dans la page du registre d’écrou du 17 novembre 1733.

 23 ANC, MG 1, Série B, vol. 60, fo 61v, lettre du ministre à Michel Bégon, 20 juillet 1734.

 24 ANC, MG 2, Série B3, vol. 362, fo 404-405v, lettre de Michel Bégon, intendant du Havre, au ministre,  27 juillet 1734.

 25 ANC, MG 1, Série B, vol. 60, fo 66v, lettre du ministre à Michel Bégon, 27 juillet 1734.

 26 Sauf exception, les actes mentionnés sont tirés soit des registres des paroisses indiquées ou des minutiers microfilmés aux Archives Nationales du Québec (Québec), soit des banques de données du Programme de recherche en démographie historique (PRDH) version Internet (www.genealogie. umontreal.ca) ou de Lafortune, Hélène et Normand Robert, Parchemin: banque de données notariales du Québec ancien (1635-1885), Montréal, Société de recherche historique Archiv-Histo, Archives nationales du Québec et Chambre des notaires du Québec, 1993-2004, soit du Dictionnaire généalogique des familles du Québec des origines à 1730 de René Jetté, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983.

 27 ANC, MG 1, Série C11A, vol. 61, fo 168-168v, lettre de Beauharnois et Hocquart au ministre, 10 octobre 1734.

 28 ANC, MG 1, Série B, vol. 62, fo 13-13v, lettre du ministre à M. de Beauregard, 1er février 1735.

 29 Minutier Louis Dargnies, registre d’enregistrement de Crécy-en-Ponthieu, référence 2C1083. Malheureusement, le contrat fut détruit par le temps. Gérard Martel, co-coordinateur au  Fil d'Ariane - Entraide aux AD-80.

 30 François Dubois est l’époux de Marguerite Darsin et fils de Pierre Dubois, laboureur. Il signe également lors de la sépulture de son père, le 19 juin 1676, à Cramont. Il serait vraisemblablement l’oncle paternel de Pierre Dubois.

 31 Il s’agit possiblement d’une substitution nominative car Toussaine Tronet, baptisée le 22 février 1659, est l’épouse de Michel Leblond (mariés le 20 juin 1687 à Crécy-en-Ponthieu).

 32 Dans les registres de Cramont, le patronyme est écrit Dubos ou Dubois, selon le rédacteur de l’acte.

 33 Le nom de la mère de Pierre Dubois, baptisé le 11 juin 1672, est Barbe de Tuncq. Il s’agit probablement d’une substitution nominative car aucun autre acte la concernant n’a été retracé dans les registres de Cramont. Le couple Charles Dubois et Jehanne de Tuncq apparaît par contre plusieurs fois.

 34 François Tronet a été baptisé le 18 août 1658.

 35 Acte de baptême de Marie Anne Leborgne, le 31 octobre 1719, paroisse de Saint-Firmin (Nempont-Saint-Firmin).

 36 Registre des malades de l’Hôtel-Dieu de Québec, juillet 1735.

 37 Louise Arcouet est née le 13 et a été baptisée le 16 juillet 1682 à Champlain. Elle avait donc 16 ans et demi à son mariage.

 38 Michel Langlois, Carignan-Salière 1665-1668, Drummondville, La Maison des ancêtres, 2004, p. 208.

 39 Dictionnaire biographique du Canada en ligne :  http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=35015

 40 ANC, MG 1, Série C11A, vol. 16, fo 6, lettre de Frontenac et Champigny au ministre, 15 octobre 1698.

 41 ANC, MG 1, Série C11A, vol. 18, fo 130-131v, état de la distribution des trois mille livres accordées par le roi en l’année 1700 pour doter soixante filles à raison de 50 livres pour chacune, octobre 1700.

 42 Jean Louis de Lacorne, écuyer et lieutenant d’une compagnie des troupes de la Marine (Luc et Antoinette d’Allemagne de la Font) et Marie Pécaudy (Antoine, seigneur de Contrecœur et Barbe Denis) ont passé leur contrat de mariage le 9 juin 1695 (notaire Adhémar) et se sont mariés à Montréal, le 11 juin suivant.

 43 Jacques Mathieu et Alain Laberge, L’occupation des terres dans la vallée du Saint-Laurent.  Les aveux et dénombrement 1723-1745, Sillery, Les éditions du Septentrion, 1991, p. 206.

 44 Minutier Tailhandier dit LaBeaume.

 45 Dans les actes de baptême de ses frères, le patronyme est bien celui de Georget.

 46 Jean-Baptiste Grignon (Jacques et Marie Thérèse Richer) a épousé Marie-Josèphe Gipoulou (Pierre et Marie Anne Antrade), le 30 janvier 1730 à Grondines (cm 28 Minutier Trottain).  

 47 Geneviève de Chavigny de La Chevrotière (François, seigneur de La Chevrotière, et Geneviève Guyon) a épousé Joseph-Marie Hamelin (Louis, seigneur de Grondines, et Antoinette Aubert), le 15 janvier 1724 à Deschambault (le mariage a été célébré à La Chevrotière; cm 20 Minutier Trottain).

 48 Michel Charbonneau (Michel et Marguerite Denoyon) a épousé Geneviève Richaume Lacroix Babin (fille naturelle de Madeleine Richaume), le 12 octobre 1722 à Boucherville.

 49 Minutier Monmerqué dit Dubreuil, le 9 avril 1738.

 50 Il n’y a aucun acte de décès d’un Guillaume Georget, ni d’acte de baptême d’un Joseph Georget dans les registres.

 51 Geneviève Georget a épousé en premières noces, le 3 décembre 1726 à Contrecœur, Georges Boucher dit St-Martin (Charles et Marie Catherine Bonin), maître cordonnier, originaire de la paroisse de Saint-Nicolas-des-Champs, archevêché de Paris; puis en secondes noces, le 26 septembre 1740 à Montréal, Jacques Vadeau dit St-Jacques (Jacques et Catherine Caillaud), soldat des troupes de la Marine, compagnie de Beaujeu, originaire de Saint-Pezenne, commune de Niort, Deux-Sèvres, Fichier Origine.

 52 Suzanne Georget a épousé Louis Bienville le 3 mai 1734 à Saint-Sulpice. Louis Bienville (Philippe et Anne Lamare), soldat des troupes de la Marine, compagnie de Périgny, est né le 26 et a été baptisé le 27 septembre 1702, à Sens, paroisse de Saint-Hilaire, Yonne, Fichier Origine.

 53 Minutier Loiseau dit Châlons, 4 avril 1742.

 54 Suzanne Georget est décédée et a été inhumée le 10 novembre 1746 à Boucherville à l’âge de 32 ans.

 55 Minutiers Simonet, 01-08-1747, 14-07-1749; Foucher, 29-10-1747, 24-01-1748; Loiseau dit Châlons, 30-11-1748, 22-03-1750; Danré de Blanzyl, 23-04-1749; Comparet, 20-08-1754.

 56 André Lachance, Vivre, aimer et mourir en Nouvelle-France, Montréal, Éditions Libre Expression, 2000, p.61.

 57 Jacques Racicot est originaire de la paroisse de Saint-Jean, de Château-Gontier, évêché d’Angers, Anjou (Mayenne).

 58 Marie Thérèse Gatignon (Léonard et Marie Madeleine Arcouet) a épousé Jacques Caille (Jean et Marie Romaine Galarneau), le 11 janvier 1717 à Montréal.

 59 Paul Guertin (Paul et Madeleine Plouf) a épousé Marie Renée Philippeau (Louis et Louise Dubois Brisebois), le 18 avril 1735 à Varennes.

 60 Minutier Raimbault.

 61 ANQ Montréal, Les dossiers de la Juridiction royale de Montréal (TL4, S1), partage d’héritage le 26 mars 1734, requête de François Foucher, procureur du roi, suivant la sentence du 3 février 1733, 073-4127.

 62 Une autre fille de Jean Georget, Marguerite Georget et son mari François Tellier, avaient déjà vendu leur part de terre « venant de la succession de Louise Arcouet et de celle qu’ils peuvent espérer de la succession future de Jean Georget », le 26 mars 1736, à François Laporte dit Labonté (Minutier Monmerqué).

 63 Registres paroissiaux : Saint-Séverin (Crécy-en-Ponthieu, Somme), Saint-Martin (Cramont, Somme), Saint-Jean-Baptiste (Ercé-en-Lamée, Ille-et-Vilaine), Saint-Firmin (Nempont-Saint-Firmin, Pas-de-Calais), Saint-Pierre (Availles-sur-Seiche, Ille-et-Vilaine). Filmés par la Genealogical Society of Utah.

Société généalogique canadienne-française ©  Nouzautes 2005