«Sigismond, preux chevalier, armé de pied en cape, monté sur
un beau cheval noir arabe de pure race, revient au manoir de la Fontaine ou
l’attendent sa noble épouse et ses deux filles, Marguerite et Blanche. Hélas, le
beau chevalier, en Palestine, a perdu la lumière : un Sarrasin, d’un coup
terrible, l’a rendu aveugle. Au sommet de la colline du Croquet, il implore «
Marie, auguste reine des anges». Et son voeu va être exaucé : « Je vois !
s’écrie-t-il, je vois ! gloire à Vous Notre Dame !». A cet endroit, il fera
élever un calvaire, transformé en oratoire, consacré par l’évêque de Tournai, il
devint chapelle.»
En 1255, Sigismond, dit Gilles de Croix, revient de
croisade. Selon la légende, c'est pour rendre graces d'un miracle qu'il érigea
la chapelle du Croque.
CROIX, une nuit de 1255. Un cavalier solitaire progresse
avec peine dans la forêt qui en ces temps recouvre les alentours. Pour atteindre
sa destination, il se fie à l'instinct de sa monture. L'homme, en effet, est
aveugle. Un coup de sabre sarrasin l'a privé de la vue, là-bas, en Palestine, où
il avait suivi le roi Louis en croisade. Sigismond, dit Gilles de Croix, est de
retour après plus de six ans de batailles.
Dans la nuit, il implore la
Vierge : si vous me rendez la vue, la prie-t-il, j'éleverai ici même une
chapelle à votre gloire. Soudain, un cri effrayant retentit, la monture de
Sigismond s'affole, se cabre et désarçonne son cavalier qui chute durement.
Lorsqu'il -retrouve ses esprits, le miracle a eu lieu : il voit... Et découvre
alors près de lui, sur cette éminence qui ne s'appelle pas encore le mont du
Croquet, le cadavre encore chaud d'une nonne, qui vivait là en ermite. Tombée,
sans doute, sous les coups de poignard d'un malandrin quelconque. Sigismond
ramène le corps au château, et dès le lendemain, il la fera ensevelir à
l'endroit même où elle est tombée. C'est sur cette sépulture qu'il érigera le
premier calvaire, préfiguration de la chapelle promise à Marie.

Faits et
légende s'entremêlent intimement dans l'histoire de Sigismond. Sa date de
naissance est aussi inconnue que celle de sa mort. Le premier des rares faits
avérés de sa biographie, c'est sa présence au siège de Damiette (Egypte), en
1249, lors de la septième croisade. " Sigismond ne fut pas le seul seigneur de
Croix à participer aux croisades. Avant lui, Hugues de Croix s'illustra lors de
la prise de Saint-Jean d'Acre en 1191 (troisième croisade) ; Eustache de Croix
trouva la mort en Terre Sainte en 1202, lors de quatrième croisade, que
commandait, entre autres, Baudouin IX, comte de Flandre ; le fils d'Eustache,
Gilles de Croix, participa à la première prise de Damiette en 1218.
C'est
Wautier (Walter) de Croix, oncle de Sigismond, évêque de Tournai de 1251 à 1261,
qui consacra en 1256 le premier oratoire du Croquet. II s'agissait à l'époque
d'un simple calvaire, dédié à Notre-Dame de Délivrance. Ce même Wautier appela
ensuite Sigismond près de lui à Tournai, et le fit chanoine. Trois autres de ses
neveux répondirent au même appel, dont Wautier Hunguiers, à qui Sigismond, faute
d'héritier mâle (il était père de deux filles) transmit la seigneurie de Croix.
Que devint Sigismond après le décès de son oncle en 1261
? Poursuivit-il son office à la cathédrale de Tournai ? Nul ne le sait. La fin
de son existence nous est tout aussi inconnue que le début. Restent, à Croix,
bien des souvenirs de son passage, à commencer par la chapelle du mont du
Croquet. Maintes fois saccagé, le calvaire d'origine fut protégé par une
chapelle. Détruite à la Révolution, elle fut rebâtie en 1802, mais l'édifice
actuel date de 1863.
Pour le 740e anniversaire du premier oratoire, la
chapelle bénéficiera d'un «lifting» complet. Elle est toujours dédiée à
Notre-Dame de Délivrance, dont le culte semble avoir été vivace autour de Croix.
Aveugles et infirmes lui ont adressé leurs prières jusqu'à une époque récente.
En 1896 encore, une procession rassemblait 12 000 pèlerins...
A partir
des années 1930, Croix a aussi eu son géant, à l'effigie de Sigismond. Mais il
n'est plus aujourd'hui en état de parader. Sigismond et la chapelle du Croquet
sont également le sujet d'une fresque en quatre tableaux, à l'église
Saint-Martin de Croix. Les deux premiers volets retracent le retour de Sigismond
et le miracle qui lui rendit la vue. Les deux autres montrent le peuple de Croix
en dévotion devant le calvaire, puis devant l'actuelle chapelle. . . La chapelle
du mont du Croquet se trouve rue d'Hem à Croix. 
LE CHATEAU DE LA
CROIX-BLANCHE
Histoire, quelques dates :
Daté de 1878, ce château est de style renaissance en
pierres blanches et briques. Il a été construit par l'architecte Ferlie pour
lui-même. C’est en
1903 qu’il fut cédé par les héritiers de Mr et Mme Ferlie Lecomte à Mr et
Mme Leclercq Delaoutre, lesquels le cédaient en 1918 à un autre acquéreur qui le
vendit à la ville de Croix.
Découverte des lieux :
C’est au 187, de la rue Jean Jaurès que se situe le château de la
Croix-Blanche. Après avoir longé les murs d’enceinte rehaussés de grilles en fer
forgé et garnies de fleurs, nous franchissons un haut portail à l’effigie de la
ville et découvrons l’hôtel de ville.
Nous sommes accueillis par de magnifiques tapis de fleurs sur
lesquels débouche un grand escalier de grès, de formes arrondies, aux rampes en
fer forgé aux arabesques majestueuses. Celui-ci
nous amène à une double porte donnant sur un vaste hall d’entrée (accueil de la
mairie).
Sur la gauche, dans un médaillon peint, une courtisane en robe et
col en dentelle nous accueille. Sur la droite, un escalier aux volutes étudiées
donne accès aux bureaux du maire et des services municipaux.
La peinture de l’escalier est de Georges Clairin, peintre de Sarah
Bernard, elle représente la sortie du bal masqué du Casino de
Monte-Carlo.
On remarquera tout d’abord la qualité des carrelages des
vestibules et des couloirs, les portes en bois sculpté, les serrures de bronze
travaillées, les glaces biseautées surmontées de médaillons et d’émaux, les
plafonds peints par les plus grands artistes du second empire, les lustres,
l’état exceptionnel de conservation des matériaux utilisés.
Au rez de chaussée, attenant au hall d’entrée se trouvent trois
salles de receptions officielles : la salle à
manger, le grand salon Louis XIV et la salle de
jeux.

LE CHATEAU DE LA FONTAINE
Le château de la Fontaine est l’un des plus beaux fleurons de
notre patrimoine, et classé de surcroît monument historique : portail, façade,
plan d’eau, grilles... Le
bâtiment évoque le style renaissance flamande. Ce manoir,
aujourd’hui ensemble privé, devenu château en 1605, est cerné de
plusieurs sentiers : avenue de Fontaine, chemin rouge, noir, «de Fontaine» et
l’Avenue des 2 lions ! Il
se situait au XVIIe siècle sur la route de Roubaix à Lille, la seule qui
existait à l’époque. Ce domaine
abrite la «Fontaine», réceptacle de la source miraculeuse, très fréquentée (on y
baptisait à la révolution) qui sort plus haut à cent mètres de la Chapelle du
Croquet.
Histoire, quelques dates :
La première trace connue des seigneurs de la Fontaine remonte à
1136 D’après la
légende, c’est le manoir qui accueillît Gilles de Croix en retour de croisade
vers 1254/1255. En
1389, la seigneurie est cédée à Guillaume de Warenghien puis à la
descendance de son gendre, Georges Verdière (1407), seigneur de Péronne,
puis à son neveu Jacques Bette, chevalier de Péronne et de Warvannes. Son
petit-fils, Jean-François-Nicolas Bette, fut le marquis de Lède
(1672-1725) fils de Jean Bette, seigneur de La Fontaine, vice-roi de
Majorque, chevalier de la Toison d’or. A cette
époque, la seigneurie de La Fontaine, dépendant pour la justice de Lille,
comptait 9 fiefs dont le château de Villers, les Mottes de Croix, des terres à
Ascq et à Hem, et de nombreux moulins sur les terres d’Ascq et
d’Annappes. En
1605, Adrien de Bette a reconstruit le château. La porte fortifiée date
de cette reconstruction : le manoir devient château. En 1671,
il fut revendu par son frère à Robert De Surmont, banquier à
Lille. Octobre-novembre 1792 : Croix est occupé par les
Autrichiens. A cette époque, le château appartient à Ernest-Louis-Joseph de
Surmont. A partir
de 1802, les familles Duriez, Brame et Wallaert se succédèrent sur le
domaine. En
1844, le château fut restauré, une enceinte autour du château fut
construite, fermée par une grille double, encadrée de deux lions grimaçants. Le
château a pris pratiquement son allure actuelle sous la conduite des architectes
Coulomb et Lacomège. En
1920, les héritiers de la famille Brame le cèdent à l’industriel Benoît
Roussel. A cette date, après avoir été occupé par les Allemands et pillé par les
populations privées de tout, le château est en ruines. C’est cet
industriel qui sauve l’édifice. Mr Roussel décède en 1969.
1981, Monsieur François Christiaens (architecte de métier)
rachète le château et s’attache à le restaurer lui-même et à lui redonner vie.
Il n’oublie pas les dépendances et aménage des pièces d’eau, l’étang derrière le
château et le bassin devant.
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