J'ai
bien
connu
la
Ste
Barbe
(qui
nous
donnait
un
jour
de
congé
dans
nos
écoles
!),
ainsi
que
la
St
Eloi
des
fermiers,
mais
"Faire
Bourdis"
remonte
trop
loin
pour
que
j'en
aie
souvenir.
Faire
Bourdis
à
ch'ti
boclet
Il
s'agit
ici
des
Feux
de
la
Saint-Jean
d'été
(24
juin).Dans
le
"Guide
de
la
Flandre
et
de
l'Artois
mystérieux",
par
Claude
Malbranque,
P
181
-182,
on
peut
lire
à
propos
de
feux
de
joie
qui
s'organisaient
dans
nos
campagnes:
"…On
reste
en
droit
de
se
demander
si
les
lieux-dits
Montjoie
à
Hacquinghem
près
de
Licques,
à
Saint-Léonard,
à
Montcavrel,
à
Airon-Saint-Vaast,
sur
d'anciennes
voies
romaines
ou
pré
romaines,
celui
de
Sibiville
près
de
Frévent,
et
le
Mont
de
Joie
de
Saint
Martin
Lez
Boulogne,
ont
ou
n'ont
pas
été
voués
au
culte
de
Jupiter(Jovis),
ou
aussi
s'ils
ne
rappellent
pas
les
feux
de
joie
que
les
celtes
allumaient
sur
les
hauteurs
à
certaines
dates
de
l'année
solaire.(P.
Saintyves
:
Les
liturgies
populaires.).Il
y
a
aussi
un
feu
de
joie
à
Wimille,
un
autre
au
Mont
Soleil
à
Outreau.…"
"…Les
feux
de
la
Saint
Jean,
christianisation
de
ceux
qui
célébraient
la
gloire
du
soleil
au
solstice
d'été,
ont
persisté
jusqu'à
une
date
récente
dans
nombre
de
nos
villages.
A
Berck
Ville,
le
clergé
bénit
encore
le
bûcher
de
la
Saint-Jean
et,
quelques
jours
plus
tard,
celui
de
la
Saint-Pierre…."
"…Jusqu'à
la
fin
du
XIX°
siècle,
les
brandons
ou
bourdis
(feux
du
premier
dimanche
de
carême),s'allumaient
sur
tous
les
crocqs
du
boulonnais
:
mont
Cornet,
mont
Savary,
etc.…et
dans
maints
villages
de
l'Artois…"
En
ce
qui
concerne
notre
village,
mon
père,
ainsi
que
des
personnes
âgées,
m'ont
raconté
qu'avant
la
guerre
14/18,
on
faisait
aussi
"bourdi".
Les
villageois
se
réunissaient
autour
d'un
feu
de
joie,
et
on
y
dansait
au
son
d'un
accordéon.
Ce
feu
était
allumé
en
dehors
du
village
près
du
marais
et
selon
les
indications
que
j'ai
retenues,
l'endroit
se
serait
situé
dans
le
prolongement
de
la
rue
du
Dr
Leleu
actuelle,
le
long
de
la
pâture
de
Michel
Dumont,
à
l'extrémité
du
fossé
qui
la
longe,
là
où
il
rejoint
le
chemin
charretier
qui
part
de
la
rue
Jules
Ferry
à
Labourse.
Il
se
trouve
quelques
mètres
carrés
incultes,
juste
à
l'angle
de
la
pâture
et
du
champ
jouxtant
la
propriété
de
Mr
Pinchon.
Le
fossé
fait
deux
virages
successifs
avant
de
rejoindre
le
marais.
Je
pense
que
ce
"feu
de
bourdi"
n'avait
pas
lieu
en
temps
de
carême,
mais
bien
à
la
Saint-Jean
d'été.
En
effet,
c'était
l'époque
du
jour
le
plus
long
qui
marquait
aussi
le
basculement
dans
le
travail
des
communes
agricoles.
Après
l'entretien
des
sols
et
les
semailles
allait
arriver
le
temps
des
récoltes.
La
Sainte
Barbe.
Ce
qui
reste
plus
particulièrement
dans
les
traditions
est
la
phrase:
"faire
quinzaine
Sainte
Barbe".
En
effet,
une
douzaine
de
jours
avant
la
fête,
beaucoup
de
mineurs(volontaires)
restaient
en
permanence
au
fond
de
la
mine
où
ils
dormaient
même,
pour
abattre
le
plus
possible
de
travail
pour
gagner
plus
d'argent
en
prévision
de
cette
fête.
Les
épouses
ou
leurs
filles
leur
apportaient
à
manger
au
carreau
et
les
repas
descendaient
par
la
cage.(jusqu'aux
environs
de
1914,
date
charnière
semble-t-il)
.Parmi
les
vieilles
personnes
du
village
reste
une
locution
familière
:
"Le
curé
a
fait
sa
quinzaine
Sainte
Barbe",
disait-on
lorsqu'il
avait
célébré
beaucoup
de
cérémonies
durant
la
semaine.
Ce
jour-là,
tous
les
mineurs
assistaient
à
la
messe
(conviction,
ou
obligation
-
c'était
le
temps
des
compagnies!).
A
Noeux,
les
ingénieurs
devaient
porter
un
cierge!
Les
hommes
étaient
en
tenue,
barrette
bien
cirée.
L'après-midi
se
passait
dans
les
cafés
(il
y
en
avait
24
au
village
dont
une
bonne
dizaine
autour
de
la
fosse,
car
avant
1920,
les
mineurs
étaient
payés
chaque
quinzaine,
dans
les
cafés.).On
y
dansait
au
son
de
l'accordéon,
on
y
jouait
au
billon
ou
à
la
toupie.
Jusqu'à
la
récession,
1968
à
Verquigneul,
la
Sainte
Barbe
est
restée
une
fête
chômée.
Ce
jour-là,
les
écoliers
étaient
en
congé
!
Actuellement,
elle
est
devenue
la
fête
des
médaillés
du
travail.
L'église
abrite
toujours
une
statue
de
la
sainte
patronne.
Autrefois
des
mineurs
la
promenaient
dans
les
rues
du
village
lors
des
deux
processions
annuelles.(juin
&
15
août).
La
Saint
Eloi
des
fermiers.
Cette
fête
remonte
au
plus
loin
dans
la
mémoire
des
fermiers
et
de
leurs
aïeux.
Elle
consistait
essentiellement
en
une
messe
avec
la
bénédiction
de
morceaux
de
pain
qu'ils
mangeaient
et
dont
ils
donnaient
une
part
aux
bêtes.
Ce
geste
représentait
symboliquement
santé
et
fécondité.
Insensiblement,
la
tradition
a
évolué
et,
au
pain,
est
venu
s'ajouter
le
pain
gâteau
plus
particulièrement
réservé
aux
humains.(années
1930
:
l'Abbé
Charles).
Chacun
à
son
tour,
le
fermier
payait
la
messe
et
le
gâteau.
Celui
qui
recevait
la
croûte
prenait
la
suite
l'année
suivante.
Un
banquet
organisé
là
aussi
à
tour
de
rôle,
ponctuait
la
journée.
Ces
agapes
se
déroulaient
au
domicile
même
du
fermier.
Quand
l'Abbé
Poiret
est
arrivé,
il
a
refusé
de
bénir
le
pain
pour
les
bêtes.
"On
ne
donne
pas
du
pain
bénit
aux
animaux…".
Les
fermiers
les
plus
âgés
ont
continué
la
cérémonie
mais
les
jeunes
ont
peu
suivi,
et
avec
la
diminution
des
exploitations
agricoles,
c'est
encore
un
peu
de
notre
mémoire
qui
disparaît.
Signalons
aussi
qu'avant
1914,
les
champs
étaient
tous
bénis
en
trois
jours,
en
dehors
de
la
Saint
Eloi,
les
jours
des
Rogations.
Autre
coutume
joliment
surannée,
perdue
avec
toutes
les
autres.
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